Potatoes : Fanfictions

Potatoes : Fanfictions

Uta no Prince-sama (1)

Alma Fernand, lycéenne de 15 ans, est étudiante en art. Son lycée lance un partenariat avec l'académie Saotome, et sa classe est chargée d'un projet commun aux élèves de la dite académie. Ils partent donc au Japon pour quelques mois, avec certains de leurs professeurs.

Alma n'est pas très enthousiaste à l'idée de travailler avec des idols, mais la présence de ses camarades et les rencontres qu'elle fait l'encouragent à avancer.

Note de l'auteure : c'est un récit à la première personne, fait par un personnage fictif que j'ai créé. Les personnages de "Uta no Prince-sama" appartiennent à leurs créateurs. Ne pas s'attendre à une histoire de yaoi. Cette histoire se passe avant la saison 2 de l'anime.


Chapitre 1 / Introduction

    Et zut ! Encore en retard pour partir, comme d'habitude, je n'aurais pas dû commencer à dessiner ! Pour en rajouter une couche, ce matin, je dois embarquer mes valises pour le voyage.

Heureusement que la mère de Flore me prend en bas de chez moi, j'aurais pu rester encore longtemps derrière mon bureau !

- Désolée, vraiment ! Je ferais plus attention la prochaine fois !

- Ne t'en fais pas. Comment ça va chez toi ? Me demande Mme Portier, toujours rassurante.

- Tout le monde va bien, merci.

- T'es encore toute essouflée, fait plus attention pour le retour, ça serait embêtant de rester coincée au Japon !

Tout le monde pouffe vaguement de rire et Flore s'empresse de sortir son MP3 pour me faire écouter une nouvelle chanson. « Maji love 1000% », je ne sais pas vraiment ce que veut dire ''maji'' mais je la connais bien, encore du Boys Band...Je la fixe à peine la musique commencer et elle rigole, comme à chaque fois.

- Pour te soigner de ton allergie aux garçons !

- T'exagères, je ne suis PAS allergique aux mecs : pour ta gouverne, je suis bi, pas homo ! C'est juste que les Boys Band me gonfle, ils sont tous standardisés, surtout les groupes asiatiques.

- Tu vas quand même pas écouter les Vocaloids toute ta vie ?

- J'écoute de vrais gens aussi : Indochine, Meghan Trainor, Amy Whinehouse, Phill Collins, Muse...

Flore m'arrête et, comme d'habitude, me relance en pleine face mon éternel célibat ! Eh ouais, jamais tomber amoureuse et un rateau à mon actif (que j'ai mis bien sûr).

Sinon, sa mère m'a regardé bizarrement quand j'ai dit « bi », donc je pense qu'une petite explication s'impose : comme je ne peux pas savoir et que je suis plutôt ouverte d'esprit, je suppose aimer les filles comme les garçons. Cette espèce de groupie ambulante à côté de moi l'est aussi, mais pour elle, c'est confirmée et ses parents ne savent apparemment pas.

- Sinon, ta chanson me stresse : dans le titre, c'est 1000 et pourtant ils chantent 100 !

- Il t'en faut peu pour stresser ! Me réponds Flore, balançant ses écouteurs l'air bougon.

- Au moins, toi t'y comprend quelque chose ! S'amuse Mme Portier. Je n'y comprend rien, même quand on me dit qu'ils chantent en anglais. Faudrait peut-être que je réapprenne ?

- Ne vous en faites pas, on comprend pas grand-chose non plus.

Je fixe mon amie, en attente d'une réaction, mais elle fait comme si de rien n'était.

J'allume la radio : AC/DC ! Diane Portier monte le son presque à fond et nous hurlons la chanson toutes les deux, pendant que Flore se dit « Pourquoi je reste avec ces folles ? », un grand sourire aux lèvres.

On a donc continué le trajet, musique à fond, jusqu'à la gare.

Toujours ponctuelles, Flore et moi sommes arrivées dix minutes en avance. Comme ça, nous avons largement le temps de faire la bise à tous nos camarades de classe avant le départ.

Je crois bien que personne n'a réussi à dormir hier soir. Il fait quand même froid, on est en février aussi, donc toute la classe va s'asseoir dans la gare pour attendre les professeurs. Je sors mon carnet de dessins et m'efforce de finir mon crayonné de ce matin. Et, fidèles à nous-même, nous devons être une bonne vingtaine à dessiner. Normal, on est en classe d'art !

 

J'aime beaucoup avoir mes petites habitudes. En même temps, ce sont des habitudes qui rendent la vie plus drôle pour toute la classe : on passe nos journées à avoir des fous rires ! Mais, j'ai l'impression que ce voyage va un peu chambouler notre routine.


26/02/2015
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Chapitre 2 / Départ

    Tout le monde est arrivé. Il ne manque que les professeurs chargés de nous emmener. Ils ne doivent pas être pressés, avec une classe de trente élèves otaku, partir au Japon devient compliqué. Au moins, nous sommes tous enthousiastes.

    Il y a un mouvement de foule que j'aperçois du coin de l'oeil. Des cris de groupies. Ce sont les trois filles qui font des acclamations forcées pour qu'on réagisse, comme toujours. Tous se lèvent et les rejoignent de bon coeur, même moi. Enfin...toute la classe se calme vite devant un feu d'artifice qui laisse apparaître un homme farfelu et bedonnant qui hurle des trucs en anglais avec un accent...japonais !

Un vent glacial se jette sur nous...Personne ne comprend rien et l'homme parle en japonais maintenant. Je comprend un mot sur dix mais pas vraiment ce qu'il veut dire, c'est moins facile quand on ne traduit que « watashi », « ureshii » et quelques autres bricoles sans savoir faire de phrase. Lucia et Gatien ont l'air de tout comprendre. Ils m'impressionent toujours quand ils me lisent un texte en katakanas ou hiraganas alors que j'ai besoin d'une table de caractères avec romanji.

Mais ils sont incapable de nous retraduire : inutiles. Heureusement, M. Pyatraz, professeur de japonais (LV3) du lycée montre enfin le bout de son nez ! Il traduit pour ceux du premier rang et je suis encore derrière, tant pis.

J'aurais bien pris l'option japonais mais nos cours d'arts prennent déjà une dizaine d'heures par semaine.

Après ça, les autres professeurs arrivent rapidement.

Mme Guilain nous présente rapidement l'extravagant homme et le projet que nous allons mener à l'étranger pendant quelques mois : il s'agit en fait de Shining Saotome, idol reconnu, fondateur de l'académie pour idols et compositeurs Saotome. Et là, on perd quelques élèves, dont Flore. Inconsciemment, je me suis rapprochée des cinq garçons de la classe, Gatien, Zack, Paul, Elliot et Nicolas, dans le but d'éviter les fangirls...et ils m'utilisent comme bouclier apparemment.

Notre professeur perd quelques unes de nos camarades en plus lorsqu'elle annonce que le travaille portera sur des costumes. Je me contente de faire un bug complet : on nous envoie au Japon pour bosser sur des costumes de scène d'apprentis idols.

En plus de mon allergie aux Boys Bands, je souffre également d'une aversion pour le domaine musical, traumatisme du collège. Je me croyais heureuse de ne plus avoir à toucher un instrument ou voir une partition en entrant au lycée, visiblement, ils ont décider de me poursuivre.

J'écoute distraitement la discussion de Lucia et Gatien, participant distraitement. Je m'installe avec eux, dans un groupe de quatre sièges, à côté de Flore. Le train démarre, nous partons pour l'aéroport, une valise et un sac chacun.

 

    À raison d'une demi-heure de trajet, nous avons commencé à jouer au Président : cinq tours et je suis, pour le moment, vice-présidente et Flore s'échange le rôle de pouilleuse avec Gatien depuis le début. Soudainement, et sans que nous ne le remarquions vraiment, un cinquième joueur s'assied avec nous. Je frôle la crise cardiaque lorsqu'il s'écrit « Aï ooooouuuuine ! » (en gros, c'est ce que j'entend). Saotome s'est gentiment incrusté et vient de souffler la place de présidente de Lucia.

Il fait un effort, je crois, et ne nous parle qu'en anglais, ça reste du basique donc je comprend malgrè son accent à couper au couteau. Il est assez drôle en fait, et naturel aussi. Nous jouons le jeu tout les quatre.

Au bout d'un quart d'heure, l'idol nous fait comprendre qu'il aimerait discuter. (Je préfère tout transmettre en français, ça sera plus simple)

 - Comment vous vous appelez les jeunes ?

 - Lucia, Flore, Alma et Gatien, nous présente le seul garçon du groupe.

 - Ah ! Lumière, fleur et âme ?

Les deux filles ouvrent de grands yeux et moi je dois avoir l'air blazée. Je sourit en regardant Gatien, pas de traduction pour lui. En réponse, il hausse les épaules. Lucia ne perd pas de temps et engage la conversation avec Saotome. Flore les rejoint très vite tandis que Gatien reste spectateur avec moi, donnant du vocabulaire aux filles de temps à autres.

 - Le groupe STARISH, il est bien de votre académie ? Lâche Flore.

Lucia m'interroge du regard. C'est le groupe dont elle me parlait ce matin. Nous laissons Flore à sa discussion jusqu'à ce que nous ayons droit à un tour de table :

 - Vous les connaissez, même en Europe ?

 - Au moins quelques fangirls françaises, je répond.

 - Pas moi, rit Lucia.

 - Moi, à part Kyary...hésite Gatien.

Saotome lève un sourcil étonné, Flore a du avoir l'air tellement enthousiaste qu'il a cru que tout le monde connaissait. Du coup, les trois incultes que nous sommes avons droit à un visionnage de clips et concerts du groupe...la quatrième manque de s'évanouir à chaque nouvelle vidéo. Et M.Saotome semble perdre espoir en contemplant nos visages fermés :

 - Bye ! Nous nous reverrons pour le début du projet !

Il part discuter avec d'autres élèves et Flore l'aurait suivi si on ne nous avait pas annoncé l'arrivée imminente.

 

    En moins de cinq minutes, la grosse trentaine d'adolescents, dans laquelle je suis incluse, a rassemblé toutes les affaires. À peine le train arrêté, nous nous précipitons pour sortir, plus d'une heure de trajet, c'est trop pour nous, surtout pour les professeurs en fait. Ça paraît normal : trente jeunes artistes un peu tarés dans un même petit espace, c'est dur. Et après, il y a encore l'avion ! Mme Guilain aime bien nous voir tous ensemble, donc elle s'amuse et tient parfaitement le choc. M.Pyatraz nous voit pour la première fois, il m'a l'air décontenancé. Il y a quelques autres professeurs mais ce sont des habitués qui nous voient tous les jours. Globalement, on s'amuse et on s'entend bien avec nos professeurs, c'est la première fois que je me retrouve avec une ambiance de classe aussi agréable. J'adore ce lycée, mes camarades, mes professeurs et l'esprit d'entraide qui règne entre nous tous.

C'est pourquoi j'ai peur de ne pas apprècier l'académie Saotome : un concours entre des élèves prêts à rabaisser et humilier leurs conccurents pour mieux leurs marcher dessus, avec des professeurs qui ont interdiction de modéré les critiques, insultes ou rumeurs. Je la sens vraiment pas leur ambiance.

    Bon, nous surveiller pour aller à l'aéroport n'est pas une partie de plaisir...En plus, on a Shining Saotome en direct live qui stimule notre côté bordélique, surtout celui de Paul et Coline. Au moins, ces deux-là nous chantent du rock comme on l'aime, et on reprend tous en choeur. Enfin, en hurlant ! Bonne ambiance, bonne humeur : j'aime vraiment notre routine, on ne se lasse pas de celle-là.

 

   Dans l'avion, je n'entend rien d'autre qu'un silence pesant : je suis une des trois seules élèves à avoir déjà voyager comme ça. Flore plante ses ongles vernit de rose pâle dans l'acoudoire, Gatien est presque vert, ce qui contraste farouchement avec ses vêtements rouges, et Lucia rassure comme elle peut ceux qui paniquent près d'elle. Moi, j'observe et lance deux ou trois mots maladroits pour calmer mes voisins.

Au décollage, tout le monde autour de moi pâlit (verdit plutôt), même les professeurs. Bilan : trois élèves supportent l'avion, avec M.Saotome. Enfin, il dit être plus habitué à l'hélicoptère et que l'avion n'est que du menu fretin.

Pour occuper un peu mes amis, je lance un débat :

 - Avec le décalage horaire, on arrivera à quelle heure ?

 - Heure japonaise ? Ose demander Gatien. Déjà, ils ont huit heures d'avance sur nous.

 - Ouais, je sais. Il est déjà midi en France là, donc...IL EST DEJA VINGT HEURES !

 - Arrêtes de crier ! Me gronde Flore. On a combien de temps de trajet ?

 - Entre onze et quatorze heures, répond vivement Lucia, donc au mieux...on y sera demain à...sept heures du mat'.

 - Et au pire, à dix heures. Complète Gatien.

 - Donc dormez maintenant si vous ne voulez pas tomber de sommeil, nous ordonne le prof de japonais en souriant.

    Je demande d'abord si je peux utiliser mon portable en mode avion, l'hôtesse me confirme que tant que je suis hors réseau c'est bon. Je lui montre bien que je coupe les ondes et sors mes écouteurs. En fait mon téléphone me sert plus de MP3 que de mode de communication, avec plus de deux cents chansons, je vais bien finir par dormir.

 

    Finalement, comme je m'y attendais, je n'ai pas réussi à dormir du tout. J'ai passé la bonne douzaine d'heures à chanter à voix basse. J'ai eu beau murmurer, je crois bien que Shining Saotome m'a entendue et écoutée. La honte ! Je n'ai plus chanter devant quelqu'un depuis la sixième ! Je m'étais inscrite à la chorale et j'ai tenté l'audition des solistes, je savais bien que je n'ai jamais été douée, mais ça m'a fait très mal que la prof me balance « Toi ! Ce n'est même pas la peine, tu peux partir ! » au bout de deux mots. J'avais le trac et la touille des autres élèves que je ne connaissais pas. Après ça, j'ai arrêté de chanter devant qui que ce soit, sous la douche et même seule dans ma chambre. Ça doit faire à peine un an que j'ose à nouveau murmurer des chansons, et seulement quand je les écoute, jamais acapella. Alors là, un professionnel qui m'aurait écoutée ! J'ai envie de devenir toute petite et me cacher dans un trou, tout de suite !

    Enfin, nous descendons. Anni, notre déléguée, s'inquiète immédiatement du fait que je sois toute blanche. C'est normal, je suis restée éveillée pendant presque une journée complète et je dois maintenant en passer une deuxième avant de pouvoir m'allonger sur un lit.

    Et maintenant, c'est M.Pyatraz qui s'y met. Arrêtez de paniquer, on va pas se mettre en retard parce que je suis insomniaque dans les transports ! Ça rate pas, Mme.Guilain aussi ! La voilà qui part dans un discours sur les épidémies et les maladies nerveuses/neurologiques, je n'écoute pas tellement.

    Dans l'aéroport, tout les panneaux sont en japonais...je comprends rien ! Ça manque de pictogrammes tout ça ! Comme, dans notre programme d'arts, nous devons travaillé sur la communication des idées, nos professeurs nous inventent des travaux en attendant...des gens ? Qui ? Tant pis, je m'y mets, ça m'occupe. M.Pyatraz traduit les panneaux et tous les élèves tracent des pictogrammes dans des carnets de croquis. Mme.Guilain parle, parle, parle encore et encore sans que personne ne l'écoute. Sa collègue, Mme.Raymon, que j'apprécie plus, vient nous donner des conseils et nous aide à trouver pourquoi nous choisissons telle ou telle chose plutôt qu'une autre. Pendant ce temps, M.Saotome...me fixe ?!? Pas de panique ! Je dégaine mes écouteurs, monte le son et me concentre sur mes exercices.

 

    Un petite vingtaine de minutes s'écoulent. Les gens nous dévisagent, une classe de petits européens et leurs professeurs qui parlent fort et beaucoup dans un aéroport, c'est assurément surprenant...pour des japonais, je suppose. Leur culture est plus stricte que la notre, ils sont discrets et calmes. On doit passer pour des étrangers extravagants et encombrants.

Peut-être qu'ils sont plus étonnés par le fait qu'on supporte Saotome ? Je ne sais pas vraiment qui leur paraît être le plus bizarre dans notre groupe.

Le directeur de l'académie commence à hurler de nouveau. Apparemment, on va enfin pouvoir partir, les personnes attendues sont arrivées.

 - Mettez-vous tous en rang s'il vous plaît ! Ordonne Mme.Guilain.

Chouette...les présentations. Donc, ce sont des gens avec qui nous allons travailler.

 - Je suis Tsukimiya Ringo. Lance en japonais...une femme ? Avec des cheveux roses, longs, très longs. Enchanté !

Elle a vraiment une voix d'homme, je sens que ça va me perturber ! Tiens ! Ringo remarque mon malaise apparemment :

 - Comme vous ne me connaissez sûrement pas, je tiens à préciser que je suis un homme !

Flore vient de frôler le malaise, je crois. J'en étais sûre donc soit je souris, soit j'ai un air blazé. En tout cas, Saotome ne me lâche pas. De plus, M.Tsukimiya s'approche dangeureusement de moi !

 - Hé ! Comment t'appelles-tu ? Tu fais partie du groupe A, donc autant faire connaissance !

 - Je m'appelle Alma, dis-je en japonais, Fernand Alma.

Une des rares choses que je sais faire en langue nippone, c'est me présenter. Coup de bol ! Ce...professeur ? Peu importe, il fait le tour de tous les élèves, va voir nos professeurs, pour finalement revenir vers moi.

 - Tu es sûre que ça va ? Tu m'a l'air pâle !

 - Oui, je vais bien. Je n'ai juste pas réussi à dormir.

 - Ah ! Essaye de mieux dormir à l'avenir, la compétition sera rude !

Quelle compétition ?!? Je déteste les concours ! Pourquoi personne ne nous prévient jamais quand on nous inscrit à je ne sais quelle épreuve !

Un homme roux, plus grand, s'avance.

 - Je suis Hyûga Ryûya ! Enchanté !

Hyûga ? Bah voilà ! Maintenant, je ne vais plus pouvoir le dissocier de Neji ou Hinata, du manga « Naruto ». Qu'est-ce que j'ai moi aussi ? Même pour M.Tsukimiya, j'ai fait un parallèle avec « Naruto » ! Comme il ressemble à une femme et qu'il s'appelle Ringo, dans ma tête ça a fait : Ameyuri Ringo ! J'espère que je ne vais pas faire ça avec tous les japonais qui vont se présenter...

Deuxième tour de classe. Même M.Hyûga n'arrive pas à prononcer mon nom complet, il se contente de « Aruma-chan ». Pour Flore, ils l'appellent par son nom de famille, « Porutie-chan ». Celui qui pose une colle, c'est Gatien, il devient « Ga-kun ».

   Les professeurs, du lycée comme de l'académie, s'inquiètent une dernière fois de mon état, puis nous font monter dans un bus. Je n'ai pas le choix, je me retrouve à l'avant, du côté de la vitre. Dans le fond, j'aime bien cet emplacement. Mes amis ne sont pas loin non plus, hors de question de m'abandonner visiblement. Flore veut se mettre à côté de moi et se retrouve de l'autre côté de l'allée : M.Hyûga veillera sur moi pendant le trajet. C'est gentil, mais c'est trop là ! J'ai quand même de la chance, je suis assise à côté d'un jeune prof bienveillant, j'aurai pu avoir droit à un vieux calvicié farfelu.

 - Tu veux de l'eau ? Me demande mon surveillant. J'ai des médicaments contre la nausée si tu en a besoin.

 - Non, merci. Ça ira. Je manque juste de sommeil. Je ne me sens pas spécialement mal dans les transports.

 - Eh bien, essaye de te reposer, sourit-il.

 - C'est mal nous connaître.

 - Ah bon ?

 - Je suis incapable de dormir dans un bus ou un avion et Paul ou Coline vont lancer des chansons de groupe d'un moment à l'autre.

Ryûya-sensei affiche un grand sourire. Je ne suis pas la seule à aimer l'ambiance de cette classe.

Comme pour me donner raison, Popo et Coco entame « Roxane » de Police et nous reprenous tous ensemble le refrain. Après deux ou trois fois, les deux professeurs de l'académie Saotome se joignent à nous.

Nous continuons sur notre lancée, nos accompagnateurs nippons écoutent un peu pour pouvoir chanter les derniers refrains avec nous. Notre duo de choc lance « Pretty Woman », « Somewhere beyond the seas », « You really got me » et d'autres. Tout ça pendant environ une heure. Mon voisin s'amuse bien, il continue à vérifier si je vais bien ou si je chante avec les autres par de rapides coups d'oeil. Enfin...si je chante, c'est beaucoup dire, si je gueule plutôt.

Un silence. Ni Paul, ni Coline n'ont d'autres chansons à proposer dans l'immédiat. À la surprise général, Flore commence à chanter des chansons de Tri Yann, en breton. Elle me force à l'accompagner en m'apostrophant, tout le monde veut que je me sente honteuse ou quoi ?!? N'empêche, je chante quand même. Ensuite, Lucia entame le répertoire d'Edith Piaf et de Barbara. Je participe spontanément cette fois, et, pour ces quelques chansons, nous ne sommes que quatre à former le choeur. Nous nous arrêtons. Coco s'est endormie et Popo n'ose pas commencé une chanson sans elle. Je lève les yeux sur M.Hyûga. Lui a le regard baissé sur moi, il est sidéré. Je chante si mal que ça ? Je dois laisser voir que je panique un peu, puisqu'il se reprend et me sourit de manière rassurante.

   Gatien, Lucia et Flore commencent à s'ennuyer ferme. Avec « Socialiste » de Renaud dans les oreilles, je prends une pièce de théâtre dans mon sac à dos. Théâtre moderne bien sûr, « Cendrillon » de Joël Pommerat. Gatien et moi l'avions joué, il y a deux ans. Il était le ''Jeune Prince'', et moi, une des ''Cendrillon'' (on était cinq à jouer ce rôle tour à tour). Mon camarade l'a remarqué. D'un regard, nous décidons de rejouer la seule scène que nous partagions pour les représentations : celle où Cendrillon explique au Prince que sa mère est morte depuis longtemps. Elle est drôle pour le spectateur et pour le comédien. Nous nous mettons debout pour jouer. Le livre nous sert de rappel pour les répliques oubliées. Évidemment, nous jouons en français. Une fois la scène finie, Coco lance une standing ovation et je me rasseois en rougissant. Mon partenaire de jeu me lance un regard et éclate de rire. Je fais comme lui.

 

    Un arrêt, une pause. Nous descendons pour nous dégourdir les jambes. Messieurs Tsukimiya, Hyûga et Saotome viennent s'adresser à Gatien et moi. En gros, malgrè le fait qu'il ne comprenaient pas grand-chose à ce que nous disions, ils ont ressenti les émotions et trouvaient que notre jeu était naturel et juste. Mme.Guilain arrive et me force à sucer un morceau de sucre car elle me trouve encore blanche. M.Pyatraz m'apporte des sacs à vomis, alors que je vais bien, et Mme.Raymon me rappelle bien que si ça ne va pas, je peux ouvrir la fenêtre.

Après bien d'autres recommandations s'adressant à moi ou à Anni, qui est vraiment malade, nous remontons tous dans le bus. Je retrouve, à côté de moi, Ryûya-sensei, qui me propose encore de l'eau. J'accepte cette fois : les chants, la scène de théâtre et les chips de la pause m'ont assechés la bouche et la gorge.

 

    Pour la deuxième moitié du voyage, Ringo me tend « Hamlet » de Shakespear, en anglais. Il me propose de jouer quelques scénes avec lui. Heureusement pour moi, je l'ai déjà lu en français.

Au final, un texte en vers et en vieil anglais, c'est vraiment difficile ! J'ai été moins brillante que dans le rôle de Cendrillon mais c'était pas trop mal.

Gatien chante « Un jour mon prince viendra ». Coline la gueule joyeusement avec lui. Ensuite, c'est Lucia qui me propose d'être sa partenaire de jeu, pour « Le Bourgeois Gentilhomme » de Molière. Mon intervention de tout à l'heure incite tout le monde à sortir des livres pour jouer les dialogues. D'autres lancent encore des chansons, comme des entractes.


26/02/2015
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Chapitre 3 / Arrivée

    Enfin ! Nous sommes enfn arrivés !

L'académie Saotome est vraiment impressionnante ! C'est un immense terrain de plusieurs hectares, dans la campagne, les bâtiments sont à mi-chemin entre un manoir et un château (occidental, dommage). D'après mes connaissances réduites, il y en a trois qui sont utilisés : l'école en elle-même et deux dortoirs. À ce qu'il paraît, leurs dortoirs sont pleins tous les ans, je pense que nous allons nous retrouver à squatter les chambres des élèves. Pour les garçons, ça va : ils ne sont que cinq. Nous sommes vingt-cinq filles...sur des centaines d'élèves ça doit passer !

Mme.Guilain et M.Pyatraz passe devant nous.

 - Ils ouvrent deux bâtiments juste pour nous, commence Mme.Guilain, alors je vous demande d'être respectueux et reconnaissants, parce que ça leur donne quand même des corvées supplémentaires !

 - C'est simple, les garçons, avec moi, et les filles avec vos professeurs d'arts. Explique le professeur de japonais.

 

    Le dortoir qu'ils ont ouverts pour nous est aussi grand que celui des élèves de l'académie. Comme ça, on fait une chambre chacune. Ce n'est pas plus mal.

Je m'installe dans une chambre du dernier étage, avec vue sur la cour d'entrée du dortoir. Flore et Lucia préfèrent le premier étage, moins de marches à monter.

Dans la pièce, il n'y a qu'un seul lit, un bureau,une chaise, un tabouret, une grande armoire et...une table à dessin ? Selon ce que j'entend des étages inférieurs, il y en a dans toutes les chambres. À côté de ma table, un évier plein de peinture, sèche depuis longtemps, avec des gobelets sur le rebord. Je vais refermer la grande fenêtre, dans son renfoncement. Un chat se frotte sur mes jambes, arrêtant mon geste. Je m'accroupis pour lui faire sentir ma main, mais il se sauve par la petite ouverture entre les deux battants. Je le regarde partir et ferme complètement la fenêtre. C'est le début d'après-midi mais je préfère que la pièce commence à accumuler la chaleur maintenant.

Ensuite, un grand moment, je déballe mes affaires que je devrais ranger à nouveau pour partir dans quelques mois. Dans l'armoire, je case mes vêtements et draps. Sur le bureau, je pose mon PC, mon téléphone, mes écouteurs, un bloc-notes et une petite trousse de stylos. Dans les tiroirs et étagères du bureau, mes livres, manuels, mes chargeurs pour ordinateur et portable, mon matériel de cours et mes pochettes remplies de dessins. Sur la table à dessin, mon carton à dessin A3 et ma boîte à outils d'arts.

   Nous devons redescendre au rez-de-chaussée. On nous présente Takami-san, le cusinier de notre dortoir, et Hana-san, notre surveillante et infirmière.

 - Vous êtes grandes et responsables, commence Mme Raymon, on vous fait confiance. Ne leur posez pas de problèmes. Nous, on va dormir dans une annexe. On vous revoit toutes pour le petit-déjeuner et le dîner.

 - Tous les matins, le dortoir est ouvert jusqu'à dix heures, explique Mme Guilain, mais traînez pas trop non plus. Il rouvre à trois heures de l'après-midi. Le petit-déjeuner est à huit heures et le dîner à vingt heures.

 - Vous avez quartier libre jusqu'au repas, reprend Mme Raymon, vous pourrez aussi prendre un goûter à quatre heures. Le mieux ce serait de ranger vos chambres et de nous indiquer sur une liste qui est où. C'est plus pour Hana-san mais il faut le faire de toutes façons. Si vous avez le temps, vous pouvez aussi passer au dortoir des élèves pour les rencontrer et vous pouvez aller à l'école, voir la bibliothèque ou à la cafétéria si vous avez faim. Il y a aussi les parcs tout autour si vous voulez vous promener.

 - Ce soir, on vous expliquera le programme de cette semaine, donc rangez bien.

Nos deux professeurs sortent et certaines filles vont parler à nos responsables, Takami-san et Hana-san. Je me dépêche de remonter dans ma chambre pour nettoyer l'évier et envoyer des messages à ma famille.

     Après une petite demi-heure de récurage, deux mails et cinq SMS, il me reste du temps. Alors, je déballe ce qui est encore un peu empaqueté et je sors me promener, portable en poche et écouteurs branchés.

    En premier lieu, je vais voir au dortoir d'en face si Gatien ou Nicolas ont fini de ranger. Apparemment, ils sont déjà parti depuis un moment. Elliot décide de se joindre à moi et nous avançons tranquillement jusqu'aux prochains dortoirs, ceux des élèves.

Comme pour les provoquer, Elliot chante « Let it go » du film « La Reine des Neiges », en japonais. Visiblement, ça fonctionne puisque deux garçons s'arrêtent devant nous. Ils nous dévisagent, je les salue et mon bruyant ami continue sa chanson. Il fait exprès de chanter faux. Un des deux élèves me rend mon salut, tandis qu'Elliot met fin à son récital. Il les salue à son tour. Le deuxième, et le plus petit, des deux garçons ne s'adresse qu'à moi, et de mauvaise grâce. La provocation ne lui a pas plus. Le premier, plus grand, a l'air un peu amusé, très légèrement. C'est assez drôle de se rendre au Japon pour croiser deux blonds du même coup, je pensais qu'ils avaient tous les cheveux bruns ou noir. J'enlève mes écouteurs, le petit blond commence à râler après Elliot, je comprend sa position mais pas ce qu'il dit.

 - Désolée, mais nous ne parlons pas japonais. Dis-je en anglais, enfin, pas encore.

 - Ah ! Donc vous n'avez pas compris ce qu'il vient de dire ? Demande le grand blond à lunettes.

 - Non. Enfin, vaguement...genre « kuso », ça j'ai comprit.

 - Pardon, s'excuse-t-il embarassé. Syo a un peu mauvais caractère, mais il est vraiment mignon quand même ! Je suis Shinomiya Natsuki.

 - Enchantée, je lui répond en japonais, je suis Fernand Alma.

 - Et moi, je suis Elliot. Tu peux m'appeler El !

 - Eru ? Pas de problème Eru-kun ! Sourit Natsuki.

Je rit, je ne peux pas m'en empêcher. Je sais que Elliot me foudroie du regard mais je ne peux pas arrêter ! Enfin, Syo s'approche de moi et dit dans un grand sourire :

 - Je suis Kurusu Syo, enchanté Aruma-chan !

Et je repart dans mon fou rire après avoir répondu « Yoroshikun ».

 - Vous êtes les élèves étrangers, non ? Me demande Syo en anglais.

 - Oui, j'arrive enfin à me calmer, nous sommes arrivés il n'y a pas longtemps. On vient de finir d'installer nos affaires.

 - On vous fait visiter ? Propose Natsuki. Vous avez un couvre-feu ?

 - On doit être dans les dortoirs pour le dîner, explique El en s'asseyant sur le bord du chemin.

 - Tu nous fais quoi là ? S'énerve Syo.

 - Je me mets à l'aise pour dessiner. Répond candidement mon camarade.

Je m'assied à côté de lui, il dessine le paysage qui est en face de nous. J'ai toujours été plus douée pour tracer des personnages que des décors, donc je dirais qu'El est mon inverse. Sauf qu'il est des milliers de fois plus doué. Natsuki passe derrière moi et s'accroupit pour regarder. Je lui sourit et il contemple en silence le travail de l'artiste. Machinalement, je relève la tête vers Syo qui vient d'éternuer. Il cache son air boudeur sous son chapeau. Il a remarqué que je le regarde, il rougit ! Il vient quand même derrière Elliot, histoire de voir si mon ami est plus doué en dessin qu'en chant. En effet, il est même peut-être plus doué qu'attendu : le chanteur colérique reste sans voix.

 

    Une fois qu'El eut assez éblouit de son talent nos deux nouveaux amis, nous sommes partis en visite guidée. Natsuki est extrémement bienveillant et jovial. J'aime bien ses cheveux, leur manière de glisser sur son front et ses lunettes en ondulant et leurs reflets colorés. Syo est amical, pour peu qu'il veuille bien l'être, il a le sang chaud aussi mais il pardonne vite, sauf Natsuki. Je crois que, ce que je préfère chez lui, c'est son style. Il fonctionne beaucoup grâce aux accessoires mais ça reste assez sobre. J'aime bien ses grands yeux bleus aussi.

Natsuki insiste pour nous montrer les cuisines et Syo pour le terrain de sport. Les cuisines sont absolument désertes et sur le terrain, il n'y a que M.Hyûga. Il vient de nous remarquer et se dirige vers notre petit groupe.

 - Alors, Alma-chan, tu vas mieux ?

 - Je suppose que oui. Merci. L'académie est vraiment magnifique.

 - Je suis d'accord. Ça mérite de tout voir, je compte sur toi pour tout leur montrer, Syo-kun.

Le blond colérique acquiesce en rougissant...et Elliot lui fait des oreilles de lapin...je me sens un peu consternée là. J'ai envie de repartir dans les cuisines vides... Natsuki se sent apparemment obligé de faire remarquer à Syo qu'il ferait un bon lapin. Encore une dispute entre lui et El. Ryûya-sensei retourne à son entraînement. Il y a un groupe de personnes qui arrivent en courant vers nous, mais je suis la seule à avoir remarqué puisque le binoclard, le lapin et le pitre sont encore en pleine dispute... En tête de la bande, je remarque Anni qui me fait un grand signe de la main.

Tout le monde se dirige vers moi depuis ce matin, je suis un aimant aujourd'hui ou quoi ?!?

En tout cas, une fois à ma hauteur, notre déléguée n'hésite absolument pas à m'entraîner dans sa course, me tirant par la manche !

    Je ne comprends pas bien pourquoi nous courrons, mais, d'après ce qu'elle tente de m'expliquer, elle est poursuivie par des fangirls furax après un malheureux mot de travers sur un idol de l'académie qui fait l'unanimité auprès de mesdemoiselles. Et elle vient de m'inclure dans son problème... Je vais vraiment bien dormir ce soir.

 

    Après une course poursuite à travers toute l'académie, nous avons presque semé toutes nos poursuivantes. Anni s'assied sur un banc, elle est rapide mais peu endurante et je suis son contraire, très endurante et lente. Je m'adosse au mur, à côté d'elle. Nous reprenons notre souffle. Soudain, un saxophone se fait entendre dans l'école déserte. Ça vient d'en haut. Ma camarade fixe les escaliers qui sont à quelques pas de nous. Anni est une danseuse hors pair, et si la musique lui plaît, c'est plus fort qu'elle et elle se met à danser. Elle veut monter voir et que je vienne avec elle. Je me dirige donc vers l'entrée du colimaçon, ma camarade me rejoint et nous montons. Ces escaliers semblent ne pas s'arrêter. Finalement, la sortie. C'est une grande terrasse, au sommet du bâtiment.

   De là, on voit tous les parcs et les champs dans et autour du campus. Il est cinq heures de l'après-midi et les rayons de soleil sont orangés, c'est une lumière chaude et un musicien se tient seul dans ces rayons. Nous avions vu, plutôt entendu, juste : nous avons trouvé le joueur de saxophone. Je ne crois pas qu'il nous ait vues. Il est de dos en même temps... Et c'est encore un blond, on ne croise que ça ici ?

Anni s'élance au centre de la terrasse, en me tirant par la manche. Je suis obligée de danser avec elle, mais ça m'amuse et je danse assez naturellement. Notre blond musicien s'est retourné, il a l'air très étonné, je crois bien qu'il hésite à continuer à jouer. Tant qu'il ne s'arrête pas, je décide de mener la danse cette fois et ma partenaire suit automatiquement. Comme nous nous amusons, il continue. Il joue avec nous en changeant le rythme et la tonalité sans prévenir mais nous suivons toujours la cadence. Le musicien, je le vois mieux maintenant qu'il s'est déplacé. Ses cheveux blonds mi-longs retombent en partie sur son visage. Il est beaucoup plus grand que moi (vous me direz, je suis assez petite quand même : 1,60m à peine) et ses épaules sont assez larges. Anni vient de tressaillir, elle aussi le détaillait. Notre ami a les yeux fermés quand il joue donc il ne remarque pas. Il s'arrête de jouer et nous de danser. Et...mais...qu'est-ce qu'ils ont tous à s'approcher pour nous adresser la parole ! Anni me glisse à l'oreille :

 - C'est à cause de lui que j'étais poursuivie...

 - Et t'as changé d'avis sur ce que tu as dit ?

 - Non, ça n'a pas de rapport avec sa musique. Enfin, je te laisse gérer, je vais prendre un goûter !

Et ma partenaire se carapate ! Comme nous parlions en français, l'idol n'a pas compris mais il me fixe. C'est vraiment pas ma journée... En plus, moi aussi je veux un goûter...Hé ! Mais l'heure du casse-croute est passée depuis un moment ! Je me suis faite avoir...

 - Alors, quand le chat dors, les souris dansent ? Me glisse presque à l'oreille le grand blond.

 - Quand les souris ont semés une armée de chats, elles le fêtent. Je réponds en tâchant de garder mon calme. Mon amie serait bien restée discuter aussi mais il faut qu'on retourne au dortoir.

 - Ah ? Un couvre-feu aussi tôt ? Mes petites souris seraient donc des oiseaux en cage ? Rit-il.

Il me drague ou il se fiche de moi, faudrait savoir ! On va faire plus formel alors !

 - Je suis Fernand Alma, enchantée !

Il sourit. Pourquoi il sourit exactement ?!?

 - Jinguji Ren, enchanté également, petite souris.

 - Tu joue vraiment bien. Bon, je dois y aller là...

 - Je raccompagne la petite souris, sait-on jamais que l'armée de chats traîne encore.

Ha ha... Je me retrouve avec un bourreau des coeurs pour rentrer au dortoir une heure plus tôt que ce que j'avais prévu. Anni m'est redevable maintenant...

 

    Ren marche avec moi, en silence. C'est pas plus mal. J'aperçois El avec Syo et Natsuki. Mon camarade va se jeter sur moi apparemment. Je l'attends, qu'il essaye ! Hein ? Pourquoi Natsuki court vers nous ? Il saute ? Une seule solution, l'esquive ! Je n'ai pas le temps de réagir que mon accompagnateur m'attire contre lui. Je n'ai rien contre le Free Hugs mais c'était pas tellement le moment. Ren m'a quand même sauvée vu le bruit qu'à fait Natsuki en se ramassant à deux pas de nous. Maintenant, il pourrait...ah, non, il ne me lâche pas. Il me serre même plus fort. Je sens qu'il baisse la tête vers moi. Dans le creux de mon oreille, il murmure :

 - Tu vas bien, petite souris ?

 - Ou...oui, ça va...

Je suis prête à parier que je suis toute rouge, ma voix tremble et j'ai balbutié. Je regarde sa réaction. Il sourit. Mon ''sauveur'' est fier de lui. Je panique et il le voit bien, le chat, c'est lui en réalité. Syo accoure à ma rescousse. Il ne serait quand même pas jaloux ? Quelle qu'en soit la raison, il est énervé. Ren s'en amuse encore plus.

 - Tu fais quoi exactement Alma ! S'énerve Syo.

 - Je lui sauve la vie, se moque le ''chat'', la petite souris rentre chez elle et je la raccompagne.

 - Alma ! On t'a cherchée toute l'après-midi, où t'étais passée ?

Ren pouffe de rire et me relâche enfin. Syo m'attrape par l'épaule et me tourne face à lui. Il est rouge de colère et a un regard triste. Nous restons à nous observer, ses mains sur mes épaules. Pendant quelques secondes, il a oublié que nous ne sommes pas seuls, et maintenant c'est trop tard pour reprendre la conversation. Il baisse la tête, me lâche et recule. Natsuki vient près de nous pendant que Ren reprend un air sérieux. Il se moquait encore ? Ou le chat s'énervait-il qu'on lui vole sa proie ?

 - Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? S'inquiète Natsuki.

 - Une de mes camarades m'a emmenée faire un tour, je réponds, enfin, elle m'a plutôt embarquée en cavale. Je vous aurais bien prévenus mais je n'en ai pas eu le temps.

 - Comment tu t'es retrouvée avec ce sale type ? Me gronde Syo en pointant Ren du doigt.

 - Les deux souris sont venues fêter leur victoire. Explique très sérieusement le ''chat''.

Elliot retient fermement Syo qui tente de frapper Ren. Et voilà la deuxième souris qui arrive, je ne vais pas la manquer !

 - Anni ! Y avait encore du goûter à cinq heures passées ?

 - Non, mais j'ai fini de ranger ma chambre. Répond-elle naturellement.

 - Voilà la petite souris fugueuse, lance Ren, tu n'a qu'à raccompagner ta consoeur au dortoir. Ça calmerait sûrement messieurs.

Ma « consoeur » a eu un mouvement de recule, réflexe, quand le ''chat'' s'est adressé à elle. Notre déléguée a aussi le réflexe de m'attraper par la manche, selon mes observations. Elle me traîne presque jusqu'au bâtiment qui nous est réservé.

 

    Maintenant, il me reste une demi-heure avant l'ouverture des douches. J'hésite à retourner voir les garçons. Au rez-de-chaussée, il y a quelques petites pièces avec des fauteuils et des télévisions branchées sur les informations, c'est là que je suis, avec Anni, Lucia et Flore. La première ne tenait plus et à raconter notre cavalcade de cet après-midi à toutes les autres filles. Elle la raconte encore, à nos deux amies. Quand la conteuse a nommé Ren, Flore est devenue toute excitée et j'ai dû raconter comment il m'a raccompagné, et compléter avec le récit de ma visite guidée en compagnie d'Elliot. Ma meilleure amie a réagi en m'entendant parler de Syo et Natsuki.

 - Pas d'erreur possible, tu as passé ton temps avec des membres de STARISH ! T'aurais dû m'emmener avec toi !

 - Ah...ils sont vraiment sympa en fait. Je réponds en rougissant. Mais tu étais déjà partie.

 - Tu rougis quand tu reconnais tes torts ? C'est mignon !

 - J'hésite à retourner les voir...ça m'embête qu'ils se soient disputés...

 - Ok ! Je viens avec toi !

Sa queue de cheval cendrée se balançant, Flore m'entraîne à l'extérieur. Elle me promet qu'on sera à l'heure pour les douches, elle sait très bien que je préfère me laver tôt. Pendant que nous marchons, je tente de joindre El avec mon portable, plus de forfait...tu m'étonnes ! J'aurai pu y penser ! Mon amie semble avoir une idée subite et brillante, elle me tend un petit téléphone à clapet :

 - Hana-san nous les a distribués toutes à l'heure. Ils sont connectés au réseau de l'académie, celui-là, c'est le tien !

 - C'est pour ça qu'il est violet ! Le tien est vert, c'est ça ?

 - Non, les verts sont partis trop vite ! J'en ai un rouge à la place.

    J'appelle Elliot avec mon nouveau portable. Il ne répond pas. Je laisse un message. Au bout de deux minutes, je reçois un SMS à mon nouveau numéro : Elliot est avec les garçons devant les dortoirs. Flore vient de les apercevoir et court à leur rencontre. Je garde mon rythme de marche et j'esquive Natsuki qui se jette sur moi. Ren n'est pas avec eux, tant mieux, ça évite surnom animalier et câlin impromptu. Ma meilleure amie ne se retient pas : elle vient de passer en mode groupie. Les garçons deviennent alors différents de tout à l'heure : ils sont en mode idol, à sotir des phrases d'accroche et des sourires de poster. Flore repart avant moi, heureuse d'avoir vu les faux visages de mes amis. Je reste pour discuter encore un moment et repart pour me laver.

    Comme une illusion, Ren apparaît en travers de mon chemin. Il me tend une fleur en souriant, son sourire de dragueur. Je joue à son jeu et prend la fleur en faisant mine d'être gênée. Je reprend mon chemin. Je m'arrête et me tourne pour lui tirer la langue sans qu'il ne me voit. Sauf qu'il avait anticipé : le ''chat'' s'était retourné pour me regarder partir et il attendait ma réaction enfantine. Il sourit. Les chats sont trop gourmands, il guette sa proie tant qu'il le peut. Les chats sont sadiques, il joue avec sa proie avant de la manger. La souris a intérêt à devenir un chien au plus vite. Je continue mon chemin et retourne dans ma chambre.

    Il fait bien chaud dans la pièce maintenant. Je prend un des gobelets sur l'évier et le remplis d'eau pour la petite fleur blanche. Un perce-neige ? Je n'avais pas fait attention. Ça faisait longtemps que je n'en ai pas vu. Je m'empresse de poser le gobelet sur ma table de chevet, de rassembler serviette et savon et de descendre me laver. J'ai bien fait de venir pile à l'heure : nous ne sommes que six.

Je remonte m'affaler sur le lit. Je m'ennuie...

J'attrape une feuille et un crayon, je dessine la petite fleur dans son gobelet. Je rate, alors je recommence plusieurs fois. Après plus d'une heure de tentative, j'arrête. Pour trouver les erreurs d'un dessin, il suffit de ne pas le voir pendant deux ou trois jours et d'y revenir ensuite. Je prends une photo avec mon téléphone hors-ligne pour garder le modèle.

Un miaulement. Le chat de tout à l'heure est revenu. Il gratte un des battants de la fenêtre pour entrer, je lui ouvre et il va s'installer sur le lit. Je m'allonge à côté de lui, pendant qu'il me regarde faire. Il reste sans bouger alors je me permets de le caresser. Il ronronne et commence à s'endormir. Je continue jusqu'au dîner et il sort quand je m'apprête à descendre. Je referme la fenêtre et Lucia débarque dans la pièce pour que je vienne.


26/02/2015
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Chapitre 4 / Programme

Les professeurs, Mesdames Guilain et Raymon, font l'appel. La salle à manger ne sera pas ouverte tant qu'il manque des élèves. Heureusement, toutes les filles sont arrivées à l'heure. Tout le monde se disperse et nos profs nous montre l'emploi du temps de cette semaine sur des écrans, dans toutes la salle :

    Lundi : c'est aujourd'hui, quartier libre.

    Mardi : demain, cours de japonais intensifs matin et après-midi.

    Mercredi : japonais le matin et anglais l'après-midi.

    Jeudi : rencontres sportives interélèves (l'occasion de rencontrer les apprentis idols et compositeurs, et de pratiquer notre japonais)

    Vendredi : japonais toute la journée.

    Samedi : examen de langues le matin, quartier libre l'après-midi

    Dimanche : quartier libre toute la journée.

Personne ne mentionne le projet pour lequel nous sommes venus. Ce sera sûrement pour la semaine prochaine. Nous mangeons toutes calmement.

    À peine sortie de la salle, quelques filles me mitraillent de question sur Ren, Syo et Natsuki. J'arrive pas à fuir ! Elles me tiennent la jambe pendant presque une heure. Hana-san arrive à ma rescousse en annonçant qu'elle veut que nous soyons dans nos chambres à cette heure-ci. Je la remercie et retourne dans ma chambre du dernier étage, laissant étonnée la surveillante.

   Je m'assied devant mon bureau, ma famille a répondu à mes mails. Mon petit frère s'est blessé à l'école et mes parents sont allés le récupérer. Sa jumelle a eu droit à deux évaluations et je leur manque à tous les deux. Ma cousine vient de partir en Ecosse pour ses études, elle dit que son école est géniale et qu'elle espère que tout ira bien pour moi. Je leur envoie à tous mon nouveau numéro de téléphone et une photo de la cour du dortoir, que je prend rapidement de ma fenêtre.

J'emporte mon portable inutile avec moi, à la table de dessin. La cour est éclairée par des lampadaires colorés. Les plantes vertes sous des lumières violacées ont quelque chose de magique. Je vais redessiner ça, j'hésite entre l'aquarelle et la gouache. Peut-être de l'acrylique ? D'abord, le crayonné, j'aviserais après. Je m'apprête à commencer lorsque le petit cellulaire violet sonne. Un message reçu. À part Elliot et ma famille, personne n'a le numéro. Je me dépêche donc de répondre. Sauf que ce n'est ni El ni mes parents qui vient de m'écrire. Je recopie mes contacts dans le portable violet, dans l'espoir d'y entrer le numéro inconnu. Il est totalement inconnu en fait. J'ouvre le message, il est en anglais, ce n'est donc pas ma famille ou un de mes camarades. En effet, le SMS est signé Ren. Il a décidé de me harceler ? « Good night, my little mouse. » Comment ça « sa » petite souris ! Il se fiche de moi jusqu'au bout ! C'est stressant pour moi...j'avais raison, ce type est le ''chat'', et il va falloir que je cours vite pour ne pas qu'il m'attrape. Syo aussi vient de m'envoyer un message : « Hey ! ». Il voulait juste que j'ai son numéro. Natsuki aussi.

Je vais discuter avec Syo, ça va me détendre je pense. Je lui explique notre programme de la semaine, tout en dessinant, et lui parle du message de Ren. Tout ce que ce type peut me dire énerve Syo apparemment. Au moins, ça anime la conversation. Je vais éviter le sujet de la fleur, ça vaut mieux. Une fois les insultes épuisées, il retourne sur le planning de cette semaine. Mon nouvel ami a hâte que je parle japonais, il n'a qu'à réviser son anglais aussi. À ça, il répond que la musique lui prend trop de temps. Maintenant que j'y pense, Ren est bien le seul que j'ai vu jouer d'un instrument. En fait, la chanson que Flore m'a faite écouter dans la voiture, c'était eux qui chantaient. J'imagine que c'est plus impressionnant en vrai.

   Sur ce, il me souhaite une bonne nuit et je lui répond promptement, avant de me coucher.


27/02/2015
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Chapitre 5 / Mardi

    Rah...dur de se lever tôt pour une journée de langue intensive. Je ne sais pas si je peux descendre en pyjama pour le petit-déjeuner. J'y vais comme ça quand même, on ajustera demain si ça ne va pas.

    En fait, toutes les filles tiennent à peine deb...assises. Nous mangeons en silence, ou presque puisque Coline et Anni ont entamé un petit concert de ronflements et éternuements. Les professeurs ne sont pas encore là. Dommage, elles loupent quelque chose. Enfin, personne n'a vraiment bien dormit. Pendant que nous tentons de rester éveillées avec du jus d'orange, Hana-san nous disribue des brochures. Mme Raymon arrive. Là, nous réagissons toutes par un merveilleux : « Madame, ça sert à quoi ? » en tendant les dépliants que personne n'a regardées.

Ce sont des brochures pour les uniformes, à rendre avant les examens de samedi. Ils contiennent des photos de chacune des chemises, vestes, jupes et chacun des rubans, manteaux et pantalons. Nous devons faire notre choix dans la semaine et indiquer les tailles nécessaires, l'académie Saotome nous les offre. Je regarderai ça après m'être préparée pour les cours d'aujourd'hui. En priorité, il faut que j'arrive à finir ce bol de céréales.

    Tandis que je remonte, j'aperçois Mme Guilain qui arrive en compagnie de M.Tsukimiya. Je me dépêche pour ne pas qu'on me voit en pyjama, les cheveux pires qu'emmêlés et une tête à faire fuir un monstre. J'entends que tout le monde se précipite derrière moi, elles veulent aussi cacher leurs apparences matinales dans les chambres. Je suis déjà hors de vue des adultes, au deuxième étage. Le téléphone violet sonne : trois messages. Elliot m'envoie une vieille photo de moi, prise le matin quand nous étions partis campés avec Flore et Lucia. Ma tête les avait vraiment surpris, mais ce n'est rien face à celle de ce matin. Syo me souhaite de ne pas avoir de problème aujourd'hui et d'apprendre le plus vite possible pour que nous puissions communiquer. Ma mère me souhaite également une bonne journée.

    Je m'habille et démêle rapidement mes cheveux. J'attrape mon trieur, dans un tiroir du bureau, et le fourre dans un sac, avec ma trousse de stylos. Avant de redescendre, je met mes deux portables dans le sac, en passant le violet en silencieux, et y joins mes écouteurs. Je jette un coup d'oeil au perce-neige et sors.

Au rez-de-chaussée, je me pose dans un des salons. Je sors une feuille et commence à dessiner, pas longtemps, juste pour attendre Flore. Je croque, de mémoire, les cheveux roses de Ringo-sensei, puis son visage. C'est assez ardu mais je m'amuse.

 - Oh ! C'est moi on dirait !

Je sursaute, c'était prévisible mais je n'y avait pas penser. Le professeur sourit et rigole devant ma tête d'ahurie.

 - Tu te débrouilles bien !

 - Merci...C'est pas génial mais je ferais mieux la prochaine fois !

 - Si tu arrives à faire encore mieux après, tu vas gagner à coup sûr !

 - Gagner ?

 - Tu verras, à plus tard !

Et il sort, comme ça, en me laissant avec mon incompréhension. Flore débarque et se jette sur mon pauvre croquis.

 - C'est qui ? Oh ! C'est Tsukimiya Ringo !

Bingo ! Ça ne mérite même pas de réponse. Je range tout mon matériel et nous partons en cours.

    En chemin, je montre la photo qu'El m'a envoyé. Mon amie aussi l'a reçue. Nous arrivons devant le dortoir des garçons. Gatien nous salue, nous échangeons nos nouveaux numéros de téléphone et reprenons la route. Mes camarades remarquent mon sac et paniquent : ils ont oublié que, pour les cours, on a besoin de feuilles et de crayons. Ils rebroussent chemin en courant et me crient de partir devant. J'en profite pour brancher mes écouteurs sur mon portable noir, qui ne me sert plus que d'appareil photo et de MP3. Je regarde mes pieds en avançant, mauvaise habitude car je me heurte à quelqu'un : Ren Jinguji. Le chat guettait sa proie, comme hier.

 - Je t'ai vue arriver de loin, commence-t-il, et je t'ai attendue. La petite souris aurait besoin de lunettes ?

 - Non, je ne suis pas une taupe, merci. Désolée de t'avoir bousculé, je ne faisais pas attention.

 - Je t'accompagne encore une fois ?

 - Je peux vraiment dire « non » ?

 - Je ne crois pas, sourit-il, que ma petite souris veuille d'un chat derrière elle.

Donc il se définit lui même comme un félin. Au moins, nous sommes d'accord là-dessus. En revanche, je suis toujours contre le fait d'être « sa » souris.

 - En effet, mais si le chat est à côté d'elle, c'est beaucoup moins prudent. Je lui lance, si tu veux m'accompagner, je ne compte pas m'éterniser ici.

 - Allons-y alors, ojou-san.

Ren se moque encore de moi ! Je suis si maladroite que ça pour mettre un rateau à un pro ?

 

   J'arrive donc devant la salle, Ren derrière moi. Il est très près, puisque j'entends sa respiration, et que ma classe me fixe comme si j'avais enfin un petit copain. Le ''chat'' s'enfuit en soufflant, en français, un « Au revoir, mademoiselle ». Quelques fangirls sont au bord du malaise. Là, comme pour en rajouter une couche, Syo arrive devant moi et me claque la bise. J'ai bien senti qu'il se forçait : les japonais ne sont pas habitués aux contacts physiques, j'ai vu un reportage une fois, la poignée de mains leur est déjà difficile mais la bise, c'est presque dépasser une phobie. M.Pyatraz arrive et nous entrons dans la salle.

   À chaque pause, je me fait harceler par des groupies histériques ou par mes amis. Les salutations des deux idols ont eues leur effet sur mes camarades. Tout le monde nous a vus et tout le monde veut les détails. Ça devient aussi gênant pour moi que pour notre professeur, les bavardages ne cessent pas et tous les élèves veulent me parler ou s'adresser à Flore.

Pendant l'heure de repas, tout le monde se met en groupes d'opinions : ceux qui pensent que je sors avec Ren, ceux qui pensent que le vainqueur est Syo et enfin, ceux qui pensent que je ne suis avec aucun des deux. Et dans ces groupes, il y a des sous-groupes (comme ceux qui pensent que je me fait draguer par M.Tsukimiya).

 - T'inquiètes, on arrange ça avec Lucia et les garçons, tente me rassurer ma meilleure amie.

    Je me retrouve seule, dans la cafétéria remplie et grouillante d'élèves. J'ai une sorte de carte de crédit dans la poche, je suis sensée acheter à manger avec ça... Comme je suis au Japon, j'en profite pour prendre un vrai bol de ramen. J'ai de la chance, il en reste au poulet. Je sais pas si la volaille est un accompagnement habituel mais je préfère la viande blanche. Avec ça, je prend un mochi. Que du consistant, au pire je ne prendrais pas de goûter ! Il ne me reste qu'à trouver une place. Tiens ! Syo qui me fait signe. Je le rejoins immédiatement et jette un oeil à ses amis, Ren n'est pas là. Je m'assied à côté de mon seul vrai ami dans cette salle, et Natsuki s'installe de mon autre côté. Lui se contente de me serrer la main. Ça fera moins d'histoires. Je regarde plus attentivement leurs camarades assis à la table, au total, ils sont quatre garçons et une fille. La jeune idol est juste en face de moi, retenant ses longs cheveux rouges pour ne pas qu'ils l'empêchent de manger son burger, tandis que je suis encadrée par Syo et Natsuki, elle l'est par un premier garçon au cheveux bleus foncés, coupés droits, et par un deuxième aux cheveux noirs bleutés en bataille. Ces deux derniers ont les yeux bleus, alors que l'adolescente en a des violets. Aucun d'eux ne semble m'avoir remarquée. Je me présente et ils réagissent enfin. Le garçons eux cheveux raides commence :

 - Tu es la fille que Ren suit partout, c'est ça ? Désolé qu'il te pose problème, c'est un idiot. Je suis Hijirikawa Masato. Enchanté.

 - Ah ? Continue l'autre garçon, je suis Ichinose Tokiya. Prend garde à Ren surtout.

 - Moi, c'est Shibuya Tomochika ! Reprend la flamboyante ado, tu peux m'appeler Tomo.

Masato et Tokiya sont plutôt réservés, à l'inverse, Tomo est très pétillante et énergique. Ren ne me semble pas très apprécié... En même temps, il ne doit pas faire grand chose pour. Je sens quelqu'un passer derrière moi. Lucia me dit gentiment que tout est réglé, en gros, tout le monde pense maintenant que je me fais draguer par deux mecs compétitifs. Mon amie s'assied avec nous, à côté de Natsuki.

 - Dites, ce Ren, il ne risque pas de se faire virer à force de draguer tout le temps ? Demande ma camarade.

 - Comment ça, je l'interroge, « virer » ?

 - La romance est interdite ici, sinon tu te fais mettre dehors.

 - En effet, confirme Masato, c'est ce qui arrive. Mais Ren ne va jamais plus loin que le flirt, sinon il ne serait déjà plus là depuis un moment.

 - Fais attention quand même, insiste Tokiya.

 - Oui, je sais, je reprend. J'essaye de lui faire comprendre que ça ne marchera pas mais il n'est jamais destabilisé ! Il rebondit toujours, quoique je dise ou fasse...

 - Comment peux-tu être sûre que le chat ne croquera pas la souris ? Glisse une voix chaude à mon oreille. La romance n'est pas interdite avec les gens extérieurs à l'académie.

Je frissone et ça le fait rire. La place de la proie traquée, c'est la plus dure, et c'est la mienne. Quand Ren est arrivé, Masato a pris un air consterné dans la seconde, j'aurais dû comprendre... Mon chasseur s'installe en face de Lucia. Il tente de la draguer, elle aussi. Sauf que mon amie a plus d'expérience que moi et le jette rapidement et proprement. Il admet sa défaite en souriant et commence à me lancer des regards. Syo attire directement mon attention, il me parle en japonais pour constater mes progrès. Masato me donne des conseils sur la prononciation et les termes à utiliser. Ensuite, Tomo me montre un texte écrit en kanas pour que je lise...sauf que...je lis à peine cinq katakanas ! Natsuki m'aide à les déchiffrer un par un, j'ai l'impression de retourner en primaire pour apprendre à lire.

   Je finis de lire le texte à l'aide de Lucia, car Syo et les autres sont repartis en cours, mais pas le ''chat''. Ma camarade s'en va faire un tour à la bibliothèque, chercher des livres pour enfants, pendant que je finis de manger. Ren me fixe, il me fait les yeux doux, alors que je galère comme une dingue avec mes baguettes. Il finit par plonger les siennes dans le bol et amène les ramens devant mon visage. Je suis sensée les manger là ? Je ne lui ferais pas ce plaisir. Il insiste tandis que j'essaye d'en prendre moi-même dans le bol. Je me ravise et avale la bouchée qu'il me tend, en lui lançant un regard noir. Si c'est bien du flirt, pourquoi il continue ? Je suis sûre que je dois avoir l'air extrêmement sexy avec du bouillon partout, en train d'aspirer des nouilles ! (C'est ironique...) Le seul type qui soit tombé amoureux de moi ne m'a jamais vu comme ça. Ceci explique cela. N'empêche, Ren me fait finir mon bol avant que Lucia ne revienne. Je m'empresse d'entamer mon mochi, alors que monsieur le tombeur fait le tour de la table. J'avale le dernier morceau du gâteau sucré et il approche son visage du mien. Beaucoup, beaucoup trop près.

 - À plus tard, la souris.

Il s'en va. Mon amie a tout vu, de loin, avec des livres d'images plein les bras. Je vais ranger mon plateau et nous filons en cours.

   En montant les étages, Lucia me fait la liste des diffèrents livres qu'elle a trouvés et je lui fais part de mes sentiments à propos de ce qui vient de se passer. Je suis vraiment décontenancée par la réaction que Ren a eue. J'ai bien cru qu'il allait m'embrasser tout à l'heure, et Lucia aussi. M.Pyatraz est déjà devant la salle de cours, nous sommes les premières arrivées.

 

   Les cours finissent environ à trois heures de l'après-midi, Elliot et Gatien décide de faire un tour dans les parcs avec Flore. Je reste avec Lucia, nous allons faire nos devoirs et lire les livres pour enfant, histoire d'être au point. Comme je me connais, je finirais par dessiner, sûrement une image tirée d'un des livres que ma camarade a pris. Nous nous asseyons sur un banc, je crois bien que c'est celui où Anni se reposait hier.

   Nous finissons rapidement les exercices et Lucia commence à déchiffrer un des imagiers avec moi. J'ai de la chance, c'est un conte et j'adore ça ! Il y a quelques dialogues, que mon amie recopie sur un brouillon, je les traduis avec elle, puis nous les jouons plusieurs fois, en japonais évidemment. À force de répéter les textes, nos bouches s'assèchent, Lucia part donc chercher des boissons à un des distributeurs, disposés un peu partout.

D'après la mélodie qui se propage, je suis bien assise sur le banc d'hier. Prédateur ou pas, Ren est extrêmement doué avec son saxophone : il transmet beaucoup d'émotions en jouant de la musique, bien plus que lorsqu'il chante. Je monterais bien à la terrasse. Je n'ose pas y aller.

Lucia revient, une cannette dans chaque main. Elle me tend celle de jus de pomme. Nous buvons rapidement et, avant de s'éclipser, elle range les livres dans son sac, me laissant toutefois celui que nous venons de lire. Elle va s'occuper d'en déchiffrer quelques autres ce soir, comme ça, nous lirons plus demain.

    Je plonge la tête dans mon sac pour y glisser le conte, et j'en ressors mon carnet à croquis et un stylo noir. Ren joue toujours, là-haut, mais je suis une souris, alors je reste cachée plus bas. Je dessine rapidement en fonction de sa mélodie. J'entrevois Natsuki, au travers d'une fenêtre, et je croque des lunettes. Je pense à Syo, qui est avec lui d'habitude, alors je trace un chapeau. Ensuite, il ne reste que la musique. Des élèves circulent devant moi, de moins en moins, mais il y en a toujours. Je n'ai pas d'idée particulière. Je me mets à dessiner le visage de Ren, il m'omnubile depuis ce midi. Après, je reproduit la terrasse où il est en train de jouer. Je l'ajoute, puis Anni et moi dansons sur la même page. Comme le stylo m'a servi à faire contours et ombres, j'attrape mes crayons de couleur et je réchauffe le papier blanc en immitant les teintes que j'admirais hier. Les cheveux bouclés d'Anni me donnent du fil à retordre, et la couleur de ceux du musicien m'oblige à faire de nombreux passages légers avec mes crayons.

La petite cour commence à être trop ombragée pour dessiner, heureusement que je viens de terminer. Je range le tout et referme mon manteau. L'hiver, c'est trop froid pour moi, sauf quand il neige. Mais, ici, tout est de nouveau vert. Ren continue toujours. La terrasse reçoit encore les rayons du solei. Ça me donne une raison de monter. J'ai rangé mes crayons et gardé mon carnet à la main : je voudrai lui montrer mon travail. De toute façon, je vais le montrer à tout le monde, comme d'habitude. Comme je l'ai représenté, c'est normal qu'il le voit dans les premiers. Même si notre relation me déroute, je l'aime bien ce mec. Il m'énerve un peu quand même.

    J'arrive enfin en haut, comme hier, le ''chat'' joue face au soleil. Je vais m'asseoir à côté de lui, sur les céneaux qui entourent l'espace circulaire. Il m'a remarqué, c'est l'impression que j'ai, cependant il ne s'arrête pas pour si peu. Il fait plus chaud au soleil, ça paraît évident, mais, quand je dessine, je ressens bien que cette chaleur est plus douce que les autres. Elle est toujours agréable. Ren doit savoir ça, lui aussi, puisqu'il semble ne jamais jouer à l'ombre. Je ferme les yeux pour écouter. Nous restons comme ça encore quelques minutes, puis il range son instrument. Je n'ai pas le courage d'ouvrir les yeux. Je le sens se rapprocher. Je ne bouge pas et tente de rester calme. Il s'approche encore, aussi près que ce midi. Il attrape mon carnet et j'ouvre enfin les paupières. Il sourit, comme à chaque fois. Je tourne les pages pour lui montrer le dessin que je viens de faire. Ren s'assied juste à côté de moi, nous sommes presque collés l'un à l'autre. Il tire le carnet devant lui et commence à écarquiller les yeux, comme un enfant qui s'émerveille. Je le surprend enfin ! Je suis fière de moi cette fois. Il me tend le petit cahier et je le récupère.

 - Tu ne t'es pas arrêtée, hein ? Me demande-t-il le plus naturellement du monde.

 - De quoi tu parles ? Je m'étonne.

 - De tes dessins, tu n'as pas arrêté de dessiner.

 - C'est-à-dire ?

 - Oublies ça, petite souris.

 - D'accord... Tu joues vraiment bien du saxophone, tu sais ?

 - J'avais un doute. Se moque-t-il. Je peux recommencer si tu veux, mais avant, fais-moi voir les autres !

Visiblement, le musicien est retombé en enfance cette après-midi. Il a tout du petit garçon de huit ans : attitude, intonations. Quoique, je me méfie un peu. Une technique de drague ? Non, je me fais des films toute seule. Il réagit vraiment comme si nous étions des camarades de primaire. Je lui donne mon carnet et il contemple un à un tous mes croquis.

Il range le carnet dans mon sac et reprend son expression habituelle : sourire et yeux doux.

 - Je vous raccompagne, mademoiselle souris ?

 - J'ai vraiment le droit de dire « non » ?

 - Absolument pas.

En quelques minutes, j'ai l'impression de m'être énormément rapprochée de lui, ce n'est peut être pas un ''chat'' après tout.

 

    Ren m'a vraiment accompagnée jusqu'au dortoir, mais je n'ai pas vu Syo ou Natsuki. Je file me doucher et je monte dans ma chambre. Je m'accoude à la barrière du petit balcon. J'attend le chat noir qui est venu hier. Il revient. Je le caresse et il se frotte à ma main sans arrêt, il est trop migon ! Lui aussi est chaud, sa chaleur est encore différente de celle du soleil, mais peut être plus agréable. Je profite de la présence du félin pour énoncer un petit bilan de ma journée. J'essaye de lui parler un peu en japonais. Il finit par partir et je descend dans un des salons, portables en poche (et oui ! Il y a des poches sur mon pantalon de pyjama).

    Flore me saute presque dessus, alors que j'entre à peine dans la petite pièce. Elle commence à me poser plein de questions en me faisant asseoir à côté d'elle. Lucia, Anni, Elliot et Gatien me parlent en même temps. Je ne comprend rien de tout ce qu'ils peuvent dire, donc je ne répond pas... Att...Qu'est-ce que El et Gatien fichent ici ! C'est le dortoir des filles ! Ils s'arrêtent tous de parler, alors j'en profite pour en placer une :

 - Si cinq personnes me disent cinq choses différentes en même temps, je ne peux pas comprendre ! Et, les gars, qu'est-ce que... Pourquoi z'êtes là ?!?

 - On s'ennuie ! Se lamente Elliot. À cinq dans un dortoir, c'est pas drôle !

 - Du coup, continue Gatien, les professeurs nous ont permis de venir avec les filles. En revanche, on n'a accès qu'au rez-de-chaussée. Comme M.Tsukimiya.

 - Et on mange avec vous, reprend El. Comme ça, on se voit plus !

C'est vrai qu'on s'ennuie vite sans les garçons pour mettre l'ambiance dans notre petit groupe. Sauf qu'Anni n'est pas avec nous d'habitude... Je regarde mes deux potes de la tête au pied : eux aussi sont en pyjama. Elliot porte même un kigurumi...de Tigrou ? Tant pis, c'est pas comme si je n'avais pas l'habitude. Maintenant, Flore repose ses questions, je lui réponds et la discussion commence. Nous parlons des devoirs, des gens que nous avons rencontrés pendant la journée et Lucia oublie gentiment l'épisode de ce midi. D'ailleurs, elle montre quelques livres d'images que nous commençons à traduire à partir du romanji, pour Elliot, ma meilleure amie et moi, à partir des kanas, pour Gatien et Lucia. Anni n'a pas envie de travailler, alors elle retourne avec Coline et Paul. Plonger dans notre exercice, nous ne remarquons pas l'arrivée de M.Tsukimiya, ni celle de M.Hyûga. Lucia lève la tête vers moi :

 - Tu sais ce que c'est toi, « ame » ? C'est pas l'eau ?

 - Non, l'eau c'est mizu et ame, ça veut dire pluie.

 - Ah oui ! C'est pour ça que, dans « Les enfants loups », le garçon, ils l'appellent Ame !

 - C'est la référence que tu utilises à chaque fois, mais oui, c'est ça. Et la fille s'appelle Yuki parce qu'il neigeait quand elle est née.

 - Donc, demande Flore, « yuki » c'est neige ?

 - C'est pas courage plutôt ? Doute Gatien.

 - Yuki, ça veut dire neige, et yûki, ça veut dire courage. J'explique. Pour courage, on accentue le « u ».

 - Raaaah...grogne Elliot, c'est compliqué !

Il se lève et part lui aussi voir Coco et Popo. C'est à ce moment que nous remarquons la présence des deux adultes. Aucun de nous n'ose parler.

 - Vous allez bien ? S'inquiète Ringo-sensei.

 - Ah...euh...oui, balbutie Gatien.

 - Juste surpris, je tente de le rassurer. Désolé, on ne vous avait pas remarqués.

 - Ha ! Rit Ryûya-sensei, ça on avait vu. Vous travaillez dur !

 - Oh, pas tellement vous savez, répond Lucia.

Flore ne s'exprime pas. Encore au bord de l'évanouissement ? Ah, bah oui. M.Tsukimiya l'a remarqué aussi, il s'approche d'elle pour lui parler.

On nous appelle pour manger. Gatien s'inquiète lui aussi pour Flore. Le professeur aux cheveux roses nous dit d'aller manger et qu'il va s'occuper d'elle. Nous partons donc vers la salle à manger, mais Gatien reste dans le salon.

    M.Hyûga mange à notre table. Les trois retardataires nous rejoignent finalement. Je pense que ma meilleure amie va avoir du mal à se faire à cette école d'idols, enfin, surtout aux profs et élèves... Le courant passe bien : Lucia s'entraîne à parler avec Tsukimiya-sensei, Hyûga-sensei s'inquiète pour ma santé et celle de Flore, il nous donne des conseils, et les garçons font les abrutis. Au bout d'un moment, Coline commence à chanter, Paul toujours prêt à s'amuser. Nous reprenons tous avec eux et Lucia entame son répertoire de chanson française. Ringo Tsukimiya est littéralement en admiration devant notre camarade.

Soudain, je me rappelle d'un truc qu'il m'avait dit avant que nous n'arrivions à l'académie :

 - Excusez-moi, mais quand vous parliez de « groupe A », la dernière fois, ça voulait dire quoi ?

 - Ah ! Ça ! En fait, dans l'académie, il y a des classes A et des classes S, donc M.Saotome s'est permis de vous diviser en groupes A et S.

 - Donc le groupe A va travaillé avec une classe A et le groupe S avec une classe S ?

 - Pas vraiment, c'est seulement pour les rencontres sportives de jeudi. Et comme tu fais partie du groupe A, je suis le responsable de l'équipe que tu vas rejoindre.

 - Pourquoi ?

 - Je suis professeur principal de classe A.

 - M.Hyûga aussi ?

 - Il est professeur principal de classe S.

Nous en restons là et écoutons le duo fraîchement commencé de Gatien et Elliot. Toujours a provoqué les chanteurs ces deux-là... Les deux professeurs principaux ne se laissent pas faire et rejoignent mes deux amis. Ces derniers avaient commencé par chanter faux, exprès, et maintenant que des pros chantent avec eux, ils se recalent pour chanter juste. Je les dessinerai bien moi. Mais je n'ai pas mon matériel ! Une photo rapide et j'attrape une serviette en papier, le crayon que j'ai coincé dans mon chignon et je réalise une esquisse, tant bien que mal.

 

    Encore un repas pendant lequel nous nous sommes bien amusés. Les garçons repartent dans leur dortoir, avec les professeurs masculins. Je retourne m'affaler dans un canapé. Lucia m'a suivie alors que Flore est remontée se coucher. À deux, nous relisons quelques livres en japonais et, à neuf heures, Hana-san nous demande de monter nous aussi.

    À peine arrivée dans ma chambre, le portable violet sonne : Syo relance une discussion, comme celle d'hier. Il veut voir si j'ai encore progressé. En même temps que je lui répond, j'attend un message de Ren. Finalement, mon interlocuteur va dormir, et moi aussi, mais pas de message du ''chat''. « Ma petite Alma, fais gaffe de ne pas tomber amoureuse ! C'est pas le moment ! » me dis-je.


27/02/2015
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